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Prologue - A Dissonant Symphony

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Message par Viktor Solaris Mar 27 Jan 2015 - 13:06

[Suggestion de musique d’ambiance: Prologue - Viktor]

*Assis dans son énorme fauteuil de cuir, les jambes croisées et les yeux fermés, Viktor Solaris écoutait pour une énième fois la Symphonie no15 d’Alpharius Montebelli, battant vaguement la mesure avec son index. Montebelli n’était pas seulement son compositeur préféré: il était aussi le symbole de son accomplissement. Montebelli avait toujours rêvé d’explorer d’autres mondes, un rêve qui ne s’était réalisé que dans sa musique, aussi sublime soit-elle. Pour Viktor, ce rêve était devenu réalité au bout de plusieurs années de manoeuvres politiques qu’il avait lui-même du mal à résumer, ne serait-ce que pour son éventuel mémoire. Ceci dit, il avait tout de même réussi à quitter sa patrie en déclin vers une planète totalement différente et cela, en soi, était déjà beaucoup plus impressionnant que tout ce que le prodige musical avait accompli au cours de sa trop courte vie. Alors que la Symphonie no15 tirait à sa fin, laissant place à une autre oeuvre de Montebelli, Viktor rouvrit les yeux en souriant, se redressant sur son siège, ses mains se resserrant sur le cuir de bon goût qui tapissait les bras de son fauteuil. Viktor Solaris était à la tête du Praesidium, la sous-section de l’Empire prométhéen qui avait maintenant l’emprise sur le monde de Maeror; un lieu qui était loin d’être paradisiaque, certes, mais qui, comme un diamant brut, ne demandait qu’à être poli d’une main de maître pour révéler ses richesses. En l'occurrence, cette main de maître se trouvait à être la sienne et, tandis que le créateur de la musique qui l’inspirait tant avait péri avant d’avoir réellement pu profiter de sa popularité, lui baignait dans l’exultation et la terreur qui accompagnaient la dominance de son régime. Viktor prit une grande inspiration, l’air purifié de ses quartiers remplissant ses poumons et ravivant sa confiance et sa fierté. Viktor Solaris comptait bien profiter de sa position et de son règne. Montebelli pouvait, quant à lui, continuer à croupir sous terre.

Lentement, comme s’il suivait le rythme de la musique résonnant dans son bureau, Viktor se leva de son fauteuil et se dirigea, les mains croisées derrière le dos, vers l’une des grandes fenêtres qui tapissaient le mur austral de la pièce. À la pression d’un bouton, le faux paysage imitant l’horizon de l’oecumenopole de Prometheum fut remplacé par la réelle vision qu’il avait du haut du Pharos, le siège du Praesidium et le plus haut édifice de la cité, construit en plein centre de celle-ci. La véritable Maeror n’était vraiment pas la plus somptueuse ni la plus accueillante des planètes. En fait, c’était même tout le contraire: par-delà les abondantes tours de métal et les lumières de Neo-Prometheum - la nouvelle capitale officielle de Maeror - s’étendait l'ancienne métropole déchue sur les ruines de laquelle avait été bâti son empire en croissance. Jour après jour, Neo-Prometheum s’étendait de plus en plus sur les terres arides, sombres et hostiles de l’ancienne cité, visant éventuellement à l’engloutir entièrement afin de s’étendre sur toute la surface du Continent Impérial. Une fois que les derniers vestiges de cet ancien monde nécrosé, corrompu et primitif seraient réduits à néant, rien n’empêcherait plus Prometheum de procéder à la terraformation de la planète en vue d’accueillir une grande partie des Prométhéens, qui cultiveraient la terre et ses richesses au profit de l’Empire sans aucun risque de rébellion. Viktor, lui, continuerait de siéger sur son trône en tant que bon conquérant, comme un berger veillant paisiblement sur ses moutons, qui seraient visiblement perdus sans son emprise bénéfique sur eux. Cela, par contre, nécessitait que quelques… détails soient tout d’abord réglés.

Lorsque les Prométhéens étaient apparus pour la première fois sur Maeror, certains des autochtones de la planète les avaient accueillis à bras ouverts, voyant en eux un espoir de salvation bienvenu pour un peuple brisé par la guerre et l’hiver radioactif qui les anéantissait petit à petit; d’autres, plus prudents, les avaient regardés avec incertitude et leur avaient témoigné d’emblée la méfiance qu’ils éprouvaient envers eux. Bien qu’un accord fut rapidement conclu entre les Prométhéens et les Maéroriens au bord du gouffre, les habitants plus vigilants, qui ne faisaient pas nécessairement confiance à leurs “sauveurs”, décidèrent de former leurs propres colonies en banlieue de la ville avec la bénédiction apparente des colons prométhéens. Évidemment, la plupart de ces communautés furent éventuellement réduites en cendres sous le prétexte d’insurrections (qui étaient en fait entièrement orchestrées par l’Overlord qui avait précédé Viktor) visant à éliminer le Praesidium qui n’avait, de son côté, bien sûr, aucun autre choix que de riposter promptement et sérieusement à cette menace en éliminant les “rebelles”. Peu à peu, pratiquement toutes les colonies maéroriennes se rebellèrent, réellement ou avec “l’aide” du Praesidium, jusqu’à ce que les seuls réels maéroriens à des lieues à la ronde soient ceux qui habitaient la capitale elle-même, travaillant à titre d’ouvriers à peine rémunérés et tremblant sous l’oeil vigilant du Pharos, bercés par la promesse qu’était Eden, une communauté secrète - la seule, au su du Praesidium, qui échappait encore à l’oeil affuté de Neo-Prometheum. Bien sûr, certains Maéroriens de souche, plus habiles que les autres, s’étaient glissés dans la noblesse de la cité... Heureusement, étant donné qu’aucun noble prométhéen n’osait se lier avec l’un d’eux sous peine de souiller sa “lignée”, ceux-là finiraient tous par crever d’eux-mêmes, tôt ou tard, riches mais sans descendance digne de ce nom. Viktor émit un petit rire satisfait en hochant la tête, éprouvant presque de la pitié pour eux. Presque.

Le reste n’était que manoeuvres et contre-manoeuvres, mais cela ne l’inquiétait guère. L’Overlord Solaris savait quand et où placer les pièces de son échiquier, quand utiliser son Cavalier ou son Fou, quand sacrifier un pion. Avec les années, Viktor était passé maître dans le dangereux jeu de la politique et, lentement mais sûrement, il tissait sa toile si adroitement que ses adversaires comme ses alliés l’avaient surnommé l’Épeire, siégeant comme une araignée au sommet de sa tour, au centre du piège funeste qu’était Neo-Prometheum. Il aimait tellement ce titre qu’il l’adopta en secret, l’utilisant subtilement dans les armoiries de son régime et dans son sceau officiel, d’une façon juste assez visible pour qu’alliés comme adversaires sachent qu’il était toujours à l’écoute, omniprésent, et que s’ils étaient encore en vie ou à son service, c’était parce qu’il le voulait bien (ou que leurs talents lui étaient toujours profitables). Tant que la musique jouait, ils devaient suivre la cadence qu’il dictait, victimes de son omnipotence. Viktor tirait les ficelles tandis qu’eux, pauvres pantins, dansaient stupidement au gré de ses caprices. Le sourire de l’Overlord s’agrandit davantage.

Viktor tourna le dos à son empire et s’avança vers le bureau massif qui était l’objet central de son bureau afin de feuilleter vaguement les derniers rapports qu’il avait reçus de la part des divers agents à son service. Il connaissait déjà, en fait, le contenu de la plupart d’entre eux et les lire n’était qu’une simple formalité, mais il prenait tout de même plaisir à savourer chacune de ses victoires, aussi infimes soient-elles. En s’approchant de son bureau, par contre, il s’aperçut qu’il avait reçu une notification sur son iPad holo-ordinateur qui le fit sourciller étant donné son objet, qui affichait la mention “urgent”, ainsi que son expéditeur, qui se révélait être nul autre que son bras droit, Aria Senesca. Comme un homme affamé à qui l’on tend de la nourriture, Viktor cliqua avidement sur le message pour que son contenu s’affiche, les yeux grands ouverts, les mains tremblantes. L’Overlord parcourut le message du regard, la respiration presque haletante, puis, lorsqu’il vit les derniers mots et que ses espoirs furent enfin confirmés, le dirigeant se laissa tomber sur son siège, son rire rauque et lugubre résonnant dans l’enceinte de ses appartements. Viktor était plus heureux qu’il ne l’avait été depuis des mois, voire des années, mais, pourtant, son rire aurait réussi à glacer le sang de n’importe qui assez près pour l’entendre. Plus qu’une simple missive ordinaire, le message de son adjointe venait d’apposer la note finale de la grande symphonie de leur victoire. Les rebelles étaient vaincus et la réussite des Prométhéens, assurée: il ne restait plus d’Eden, la dernière étincelle de rébellion maérorienne, qu’un peu de sang et des cendres. Le continent leur appartenait, désormais. Il restait toujours les Profondeurs, certes, mais tout être assez imbécile pour y faire son logis courait à sa perte.

Viktor Solaris reprit son sang-froid en se redressant convenablement dans son siège, puis, d’un claquement de doigt, ordonna au projecteur de musique de se taire, désirant savourer pleinement le moment de son succès affirmé. De toute façon, en ce moment, il n’existait aucune musique plus douce à ses oreilles que celle, imaginaire, de centaines de voix rebelles périssant à l’unisson.
Viktor Solaris
Viktor Solaris

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Date d'inscription : 27/01/2015
Allégeance : Gouvernement prométhéen
Origine : Prometheum

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