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Prologue - The Hunter

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Message par Gruff Jeu 8 Jan 2015 - 23:52

[Suggestion de musique d’ambience: https://www.youtube.com/watch?v=f7T_JjXwFmo]

*Une seule erreur de la part de la créature et la technolame se planta dans sa gorge. Avide de sang, l’espèce de mélange morbide entre une hyène et une panthère avait tenté de bondir sur le Chasseur plus tôt qu’elle l’aurait dû, mais l’habitude avait développé chez Gruff des réflexes auxquels le monstre ne s’attendait pas et qui le menèrent à sa perte. Machinalement, à peine essouflé et sans l’ombre d’une émotion, le Chasseur se servit de sa technolame pour s’assurer que la créature ne se relève pas, puis s’empressa de la dépecer sur place. D’une main experte, il découpa la chair brune en morceaux grossiers pour l’entreposer dans un contenant hermétique, tout comme certaines vicères comestibles, afin d’éviter que l’environnement ambiant ne la contamine plus qu’elle ne l’était déjà. Ensuite, il roula la peau “lavée” à l’aide d’un aérosol spécial pour qu’elle puisse être utilisée par les habitants de Haven, qui lui trouveraient une utilité. Il garda même certains os qui pourraient être pratiques d’une façon ou d’une autre. Ensuite, il versa de l’acide sur le peu qu’il restait afin d’éviter d’attirer les Charognards, qui, eux, n’étaient ni comestibles, ni utiles, sans compter que leurs morsures radioactives ne valaient pas la peine de se battre contre eux. Gruff ne le savait que trop bien.

Le jeune homme éteignit sa lame rapidement pour se plonger de nouveau dans l’obscurité, puis la rangea à sa ceinture, toujours à portée de main. Dans les Profondeurs, il valait mieux ne pas attirer l’attention sur soi et même la faible lueur rougeoyante de sa lame était suffisante pour attirer les regards de créatures que même Gruff ne désirait pas particulièrement affronter (ou pire encore, attirer vers Haven). Après tout, son rôle était de nourrir la communauté et de la protéger. Sa fonction était prisée par les habitants de Haven. Faire partie des Gardiens était un grand honneur, qui n’était octroyé qu’aux meilleurs Chasseurs de la communauté. En tant que Gardien, les quelques enfants de Haven vous regardait avec admiration et les Génitrices avec envie. Gruff ne pouvait que les regarder en retour avec incompréhension et mépris: il n’était pas plus un héros que le Pourvoyeur, qui s’occupait de la distribution équitable de la nourriture, ou encore les Vidangeurs, qui avaient comme tâche d’assurer la récupération de tous les déchets possibles, humains ou autres, et qui, pourtant, n’étaient pas tenus en aussi haute estime. Tous les membres avaient leur rôle à jouer dans la communauté. Il ne supportait pas le fait d’être mis sur un piédestal, ni les acclamations des enfants, ni les regards langoureux des Génitrices. En fait, il ne supportait pas les gens en général.

Gruff rangea son matériel dans son sac, qu’il passa sur son épaule, puis rajusta son Respirateur pour être sûr de ne pas inspirer l’air toxique ambiant avant de se mettre en route vers Haven de nouveau. Il était sorti de sa confrontation avec la créature avec quelques blessures - mineures, certes, mais qui pourraient s’infecter s’il les laissait intraitées - et il n’avait pas envie de courir le risque de rencontrer le reste de la meute. Son périple le mena à travers divers ravins et cavernes caractéristiques des Profondeurs et qu’il connaissait pratiquement par coeur étant donné son expérience de Chasseur, puis, un peu plus d’une heure plus tard, lorsqu’il fut en approche du village en tant que tel, il activa son Beacon pour éviter que les Éclaireurs de Haven ne lui tirent dessus par prévention. Les mesures de protection de la communauté de réfugiés et de rebelles étaient strictes, certes, mais mieux valait être prudent si on voulait éviter le courroux de Neo-Prometheum et de son terrible Praesidium.

Une fois que la porte de son Terrier se fut refermée derrière lui et que le “hssss” familier lui confirma l’étenchéité des lieux, Gruff se permit un soupir satisfait. Bien que son rôle ne disparaissait pas aussi facilement, son devoir était tout de même accompli pour aujourd’hui. C’était à d’autres de prendre la relève, maintenant, et ils accompliraient leur tâche à leur tour. Peut-être pas tous aussi bien que lui, certes, mais il avait besoin de se reposer, lui aussi. “Se reposer” était un bien grand mot, par contre. Même à son arrivée dans sa Tanière, Gruff possédait un horaire mental très ordonné: vérifier l’état de son Recycleur d’air. Enlever sa Protection. Uriner, s’il y a lieu. Vérifier les dégâts causés par ses proies. Traiter ses blessures au besoin. Se laver avec un linge humide. Enfiler des vêtements plus confortables. S’assurer que sa technolame est bien à sa ceinture. Sans sa technolame, il se sentait aussi nu et vulnérable qu’une Progéniture tout droit sortie du ventre d’une Génitrice. Et tout cela toujours dans le même ordre, de façon séquentielle, ordonnée, machinale. De façon familière et rassurante. Dans un monde comme Maeror, où chaque souffle pouvait être votre dernier, il était important de trouver une façon de garder son esprit sain. La routine était, pour Gruff, le moyen de garder sa tête sur ses épaules.

Une fois ses blessures traitées, Gruff s’étendit sur son lit, torse nu, afin de laisser agir les crèmes qu’il avait frottées sur ses plaies - de longues traces de griffes sur sa poitrine et deux morsures sur son bras gauche, des blessures de combat qui s’ajouteraient aux autres cicatrices qui se dessinaient sur son corps. Le jeune homme grogna en sentant les onguants commencer à agir, bouillonnant légèrement dans ses plaies ouvertes. Mais il endura la douleur. Ces onguants-là aussi faisaient partie des avantages des Gardiens; ils étaient rares et ne pouvaient être donnés qu’à la “crème de la crème”. Ridicule. Malgré cela, comme tout le monde, il devrait aller voir une Aiguilleuse pour faire repriser ses vêtements déchirés et, avec de la chance, celle qui l’aiderait n’aurait pas de fille Génitrice, sans quoi il devrait encore une fois subir un discours visant à lui proposer une union temporaire “afin d’assurer le futur des véritables Maéroriens”, comme s’amusaient à le répéter les Anciens. Bien qu’il voyait l’importance de la stabilisation et de la pérennité des siens, rien n’aurait pu indisposer plus Gruff que l’idée d’être Géniteur, ne serait-ce que pour une nuit. Ce n’était pas son rôle. D’autres pouvaient s’en occuper, s’ils le désiraient. Il ne se voyait pas faire venir une Progéniture dans un monde tel que celui dans lequel il avait grandi. Le simple fait d’y penser lui donnait des frissons.

Pas qu’il n’avait jamais passé à l’acte. Ce n’était pas ça, le problème. Il lui était arrivé, plus d’une fois à vrai dire, dans son adolescence, de consommer un peu trop de Serum pendant une des fêtes à Haven - les habitants aimaient souligner les fêtes traditionnelles et les événements particuliers, telle la nomination d’un nouvel Ancien, par exemple - ce qui l’avait conduit à s’accoupler maladroitement avec l’un ou l’autre des membres féminins de la communauté. Mais c’était chose commune dans un endroit comme Haven et il ne semblait pas y prendre autant plaisir que les autres hommes de son entourage, s’il en croyait leurs histoires. Ou peut-être était-il moins vantard, tout simplement. Il s’agissait plus d’un rite de passage qu’autre chose, après tout. Et rien ne l’obligeait à procréer, bien sûr, mais l’acte était encouragé pour montrer sa puissance et sa supériorité face aux autres membres masculins de la communauté. Et comme les Anciens voulaient à tout prix un avenir solide pour leur Peuple, demander à un Gardien avec une aussi bonne réputation que celle de Gruff de “planter quelques graines dans le grand jardin des Vrais Maéroriens” allait pratiquement de soi. Mais son indifférence, voire son refus catégorique de collaborer en avait fait sourciller plus d’un. Des ragots commençaient à circuler à son sujet, les langues de vipère de Haven s’en donnant à coeur joie en chuchotant des sottises dans l’ombre comme les lâches qu’ils étaient: peut-être Gruff n’était-il pas totalement convaincu de la cause des véritables Maéroriens? Peut-être était-il un intrus, un traître dissimilé parmi eux qui avait donné son service aux Prométhéens lors de l’une de ses excursions en échange de richesses, de gloire ou même d’un poste au Praesidium? Ou, pire encore… peut-être était-il un Insolite [Note: Peculiar en anglais, juste pour que je m’en rappelle LOL] - l’un de ceux qui divergeaient trop des coutumes ou des idéaux édictés par les Anciens et qui risquaient à eux seuls de causer la perte des Survivants de Maéror. Le fait d’accuser l’un des membres de la communauté d’être un Insolite sans preuve irréfutable était proscrit, voire tabou, mais cela n’empêchait clairement pas les mauvaises langues de répandre leur venim. Gruff, lui, s’en foutait éperdument. Après tout, devenir Insolite était un choix. Gruff ne choisirait rien du tout.

Ce n’est qu’en se réveillant en sursaut que le jeune homme s’apperçut qu’il s’était assoupi, mais il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour bondir sur ses pieds lorsqu’il prit connaissance de la cause de son réveil: une grande clameur au dehors, des voix appartenant à des habitants qui, à cette heure, auraient dû encore être endormis. Gruff enfila une veste en un tournemain, enfila son respirateur tout aussi rapidement, s’assura d’avoir sa technolame - toujours à sa ceinture - puis, en moins de deux, sortit de son Terrier pour aller voir ce qui se passait à Haven. L’heure était-elle finalement arrivée? Neo-Prometheum les avait-ils découverts? L’armée prométhéenne marchait-elle vers les Survivants afin de les faire disparaître une fois pour toute?

Gruff regarda autour de lui, tentant de déchiffrer quelque chose d’utile parmi les cris excités autour de lui. Intrigué, Gruff s’arrêta, la main sur la garde de sa technolame pendant sur sa ceinture. La plupart des habitants avaient peur, certes, mais aucun visage ne démontrait la terreur qu’il aurait associé à une invasion. Les conversations des adultes étaient effrainées, mais, étrangement, les quelques enfants assez grands pour les suivre semblaient… excités. Certains d’entre eux pointaient la Place Centrale, où la majeure partie des habitants étaient amassée autour d’un groupe de personnes qui semblaient exténuées, leurs vêtements déchirés ou brûlés par endroit. Mais quelque chose clochait et il fallut une seconde de réflexion à Gruff pour savoir quoi exactement: aucun des visages appartenant aux gens rassemblés au milieu de la Place ne lui était familier. Gruff se fraya un chemin à travers la foule, poussant les spectateurs un peu plus récalcitrants, le regard toujours fixé sur la meute d’intrus déparaillés qui semblaient à la fois confus et fascinés par ce qui se passait autour d’eux. “They’re Survivors too! The Praesidium found them!”, une voix s’écria au-dessus du brouhaha de la foule pendant qu’au loin, le Conseil des Anciens avançait vers l’assemblée en tentant de rétablir l’ordre. “Eden was destroyed! EDEN WAS DESTROYED!” une autre voix hurla d’un air paniqué.

“Eden?” Impossible. Eden n’était qu’une rumeur. Une terre promise inaccessible à laquelle on pouvait rêver quand on était enfant. Mais la vie nous ouvrait les yeux, tôt ou tard, et le mensonge faisait plus mal qu’un coup de griffes d’une bête des profondeurs.

Gruff finit par traverser l’océan de ses confrères qui le séparait du groupuscule d’étrangers et s’arrêta net, incapable d’avancer plus près. Il n’y avait aucun doute possible: les personnes rassemblées au milieu de la Place étaient de parfaits inconnus, mais il s’agissait bien de Maéroriens. Leurs traits n’étaient pas aussi anguleux que ceux des Prométhéens et leurs visages laissaient paraître de nombreuses années de labeur. Leurs vêtements étaient un peu plus colorés que ceux des habitants de Haven, certes, mais avaient un aspect tout aussi pratiques que ceux de leurs semblables. Le Chasseur les regarda tour à tour, ces pauvres fous qui avaient tout risqué pour les rejoindre alors que, si l’on croyait leurs dires, Neo-Prometheum avaient découvert leur paradis secret. Gruff soupira longuement, laissant tomber le long de sa cuisse la main qui serrait autrefois la garde de sa technolame, puis secoua la tête. Ces nouveaux arrivants n’allaient leur causer que des ennuis, il en était certain.

Et l’avenir lui donna raison.*
Gruff
Gruff

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Date d'inscription : 08/01/2015
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