Prologue - One Day

[Katheryn M. Jenkins]

[Suggestion de musique d'ambiance: Prologue - Katheryn]

*Assis sur les steppes de Vertivraie avec un pique-nique gourmand disposé devant eux sur une couverture brodée, Katheryn Maddison Jenkins et son amant, Rufus Bartholomew Wright Jr, profitaient du soleil matinal et de l’air frais des collines de l’île de Northenheim avant d’ouvrir leur établissement, la Taverne de la Longue-Vue, dont Katheryn était la propriétaire depuis plusieurs années déjà. Tandis que la jeune femme regardait les bateaux qui arrivaient et partaient des quais, commentant le modèle de chacun en grand détail, les yeux de Rufus étaient rivés sur le visage émerveillé de sa partenaire, un petit sourire béat sur les lèvres. Katheryn avait toujours été passionnée par les navires et les voyages en mer, et ce, depuis qu’elle était toute petite. Son seul véritable rêve avait été de parcourir l’océan sur son propre bateau, mais, non pas par faute d’avoir essayé, sa vie l’avait toujours poussée à mettre sa soif d’aventure de côté. Bien qu’elle était tenancière d’une des plus populaires tavernes de la capitale d’Iluvies, Katheryn ne pouvait s’empêcher d’envier, encore à ce jour, la vie excitante, voire romantique, des braveurs de vagues qui parcouraient les océans de la planète à la recherche de trésors ou de ressources. Rufus, lui, préférait de loin l’équilibre de la terre ferme et se demandait même, parfois, si Katheryn n’acceptait pas de rester à Northenheim - abandonnant son aspiration la plus précieuse - simplement à cause de lui ou de la taverne. Katheryn devait bien savoir qu’ils seraient tous deux encore là à son retour, non?

En s’apercevant du manque de réaction de son amant alors qu’elle s’écriait devant le somptueux navire qui venait tout juste de changer de cap pour entrer dans la baie et qu’elle pointait avidement du doigt, Katheryn tourna les yeux vers son amant et soupira en voyant son air médusé, clairement perdu dans ses pensées. La tavernière pinça les lèvres, fronça les sourcils d’un air faussement insulté, puis ramena Rufus à la réalité grâce à une rapide mais inoffensive giffle sur la joue, provoquant la surprise de son partenaire qui donna raison à ses doutes.*

R: Hey! Wh-Why did ya do tha’ for?
- Ya wasn’t even listenin’, ya twit!
R: Mesmerized by yer beauty, I was…! ‘Swear on me mum’s head!
- Pffff… Don’t ya try flatterin’ me now, Fus. Won’t save ya, ya know tha’.

*Katheryn leva les yeux au ciel en repoussant son amant, qui s’était clairement avancé vers elle dans l’espoir d’obtenir un baiser de sa part. Rufus, lui, n’essaya même pas de résister à la poussée de la tavernière, se laissant lentement tomber de tout son long en riant, le dos confortablement enfoui dans le matelas naturel d’herbe verte qui recouvrait les steppes de l’île. Katheryn en profita pour s'asseoir à califourchon sur son amant pour l’empêcher de changer de position, sa main le poussant légèrement sur la poitrine, juste assez pour le retenir contre le sol.*

R: Oooh, I like tha’.
- ‘Am serious, Fus. D’I have t’bind yer hands for ya to listen to me?
R: Aye, ya can bind me hands. Can’t promise I’ll listen any more though...

*Katheryn pouffa de rire en voyant l’expression et le sourire salace qu’affichait Rufus, puis se pencha pour embrasser le jeune homme sur les lèvres avant de rouler sur le côté et l’attirer vers elle dans l’herbe par le col de sa chemise, les doigts de son autre main perdus dans la barbe de son barman préféré. Rufus, de son côté, s’ajusta au corps de la brunette et rapprocha le bassin de celle-ci contre son corps en pressant sa main dans son dos d’un geste invitant. Quelques secondes plus tard, par contre, à sa propre surprise, Rufus mit fin à leurs baisers et recula légèrement la tête pour pouvoir regarder Katheryn directement dans les yeux, ses paroles à peine plus audibles qu’un murmure.*

R: ...We could do it, ya know?

*Katheryn haussa les sourcils, un peu surprise du changement d’attitude soudain de Rufus, qui n’avait pas l’habitude d’interrompre leurs ébats de la sorte, surtout pour discuter. La jeune femme émit un petit rire qu’elle ne put retenir, puis, un sourire moqueur aux lèvres, un sourcil relevé d’un air dubitatif et les doigts parcourant le ventre légèrement dodu de son partenaire, Katheryn répondit à Rufus dans le même ton de confidence qu’il avait emprunté.*

- I… thought that was exactly wha’ we was about to do…? As in sex?

*Rufus pouffa de rire en entendant la réponse de son amante, ne s’étant pas attendu à ce que ses paroles portent à confusion, puis secoua la tête légèrement pendant que Katheryn haussait davantage le sourcil, de plus en plus confuse.*

- Since when d’ya need permission for tha’, Fus? Don’t tell me ya’re turnin’ into one o’ those respectable blokes, now, are ya?
R: Hahahahaha! Nah, ya know me better than t’think tha’!
- Wha’ is it, then…?

*Le barman prit un grand sourire en tournant légèrement la tête vers l’horizon, où l’océan s’étendait à perte de vue, puis mit ses mains sur les hanches de sa patrone pour les caresser doucement en regardant Katheryn de nouveau, celle-ci semblant toujours aussi confuse, bien que visiblement curieuse, maintenant.*

R: ... We could do it. Go out’ere. On a ship, or somethin’.

*Katheryn tenta tant bien que mal de cacher sa surprise, puis, ne voulant pas trop montrer de joie pour ensuite avoir ses espoirs brisés, préféra dissimuler le tout en utilisant l’humour, se rapprochant du barman pour se blottir contre lui.*

- Well, I could… Ya’d hate ev’ry minute of it…!
R: Says who?
- Says me. Plus, ya’d be sick. Ev’ry rottin’ hour of ev’ry rottin’ day…! Ev’rywhere! Bleh!
R: Don’t ma’er. I’d be with ya…!

*La jeune femme, surprise de nouveau, resta figée l’espace d’un moment en voyant que son amoureux avait l’air entièrement sérieux malgré le petit sourire presque mignon qu’il avait sur les lèvres. Ce qui lui faisait un peu peur, justement, c’était que Rufus n’était pas particulièrement “mignon”, d’habitude. C’était une des nombreuses choses qu’elle appréciait chez lui, par ailleurs: sa simplicité et sa capacité à faire la part des choses. Rufus était une distraction pour elle, comme elle était une distraction pour lui. Ils avaient une union professionnelle qui fonctionnait très bien et qui prévalait sur la relation ouverte et plus charnelle qu’autre chose qui les rassemblait souvent en-dehors de la taverne, mais ils n’avaient jamais témoigné, ni l’un ni l’autre, de souhait d’exclusivité. Et c’était tant mieux comme ça. Il était donc très malaisant pour elle de voir Rufus, qui tenait pour acquis qu’un pet sous les couvertures était l’un des réveils les plus romantiques qu’il pouvait faire subir à Katheryn, se comporter de façon aussi sentimentale, voire galante. Katheryn aimait Rufus pour son endurance, pas sa galanterie.

La jeune femme se redressa pour s’asseoir sur l’herbe, le regard toujours posé sur le visage de Rufus, puis passa une main dans ses cheveux en détournant les yeux vers l’océan.*

- Pffff… What’re ya gonna serve me next, Fus? Marriage?

*Rufus pouffa de rire, puis se redressa à son tour pour s’asseoir aux côtés de la jeune femme alors qu’elle regardait toujours la mer, plus amusé qu’autre chose par son malaise. Le tavernier connaissait trop bien Katheryn pour ne pas voir à travers son sourire forcé et son corps un peu trop raide, elle qui était d’ordinaire si détendue et insouciante. Soit, son plan tenait toujours; la bague étant achetée, il n’avait qu’à attendre le bon moment. Et Rufus B. Wright Jr était un homme très patient; il était prêt à attendre aussi longtemps qu’il le fallait.*

R: Nah... Children, first. Lots and lots of ‘em.
- Crawlin’ in me tavern jus’ like li’l monsters?
R: We’d call ‘em all Rufus!
- Even the girls?
R: No. No girls. Girls are trouble. I say we drown ‘em.
- Good idea. Girls are nasty.
R: They really are. ‘Hate ‘em.
- Ugh, me too.

*Katheryn s’approcha en riant pour lier ses lèvres à celles de Rufus, ses mains caressant doucement le cou rugueux du jeune homme qui, de son côté, se laissait faire, carrément aux anges. Après un moment, la tavernière se redressa avec un sourire en prenant une grande inspiration, voulant faire payer Rufus pour ses propositions ridicules en retardant un peu leur “partie de plaisir”. Rufus, saisissant le message, secoua la tête d’une façon à la fois découragée et amusée, puis attrapa un morceau de pain pour mordre dedans, sachant qu’il ne valait même pas la peine d’insister… pour le moment.*

R: I was serious, ya know, luv…?
- ‘Bout them children?!?
R: Haha! Nah. ‘Bout leavin’.
- Aye, I know… And I appreciate the thought, darlin’. I really do.

*La jeune femme adressa un petit sourire sincère à Rufus, tout de même très heureuse de son attention et du fait que son barman lui proposait réellement un tel plan, aussi insensé soit-il. Katheryn leva ensuite les yeux vers l’océan de nouveau et, avec un léger sourire, se répéta qu’un jour, elle traverserait ses eaux et découvrirait ses secrets, non pas à travers les récits d’un marin venant boire à son établissement, mais bien de sa propre volonté. De plus, un tel voyage se ferait sur ses propres conditions et ne serait pas le résultat d’un élan de romantisme déplacé, bien que touchant. Rufus était pratiquement aussi différent d’elle qu’Aranhod l’était de Nertha, les dieux de jadis, mais ils arrivaient tout de même à s’unir, malgré leurs légères différences, comme l’horizon unissait le ciel et la mer, ne serait-ce que pour une nuit de temps à autres… ou pour un pique-nique matinal.

Pour se sortir de son état songeur, Katheryn remplit de nouveau sa coupelle, ainsi que celle de Rufus, du vin rouge et sombre qu’ils avaient emmené pour leur pique-nique. Elle tendit ensuite celle de son compagnon à celui-ci et leva légèrement la sienne avec le sourire enjoué qui la caractérisait.*

- To ya and yer big, stupid heart, Fus.
R: Nah, to ya and yer big, stupid dreams, Kitty Kat.

*Katheryn haussa un sourcil en regardant Rufus dans les yeux, sachant qu’il blaguait grâce à l’expression qu’affichait son visage rond et jovial, mais devant tout de même se montrer au moins légèrement insultée pour la forme. Rufus, quant à lui, heurta légèrement sa coupelle sur celle de Katheryn avant d’amener le gobelet à ses lèvres, sourire aux lèvres.*

R: May they come true, one day.