Prologue - Homeless

[Oak]

[Suggestion de musique d'ambiance - Prologue Oak]

*Un pas. Puis un autre. Et encore un. Le plus pénible n’était pas de marcher, mais bien de le faire sans vraiment savoir où aller, dans cet océan de sable et de terre qui leur était complétement étranger. Ils n’avaient aucun repère, si ce n’était qu’une vieille montre de navigation que leur montrait la direction vers les Profondeurs. L’air était si dense et radioactif qu’il affaiblissait grandement leur respirateur. Le sable était plus fin, et le vent soufflait plus fort, causant de nombreuses tempêtes beiges et brunes. Et s’était sans parler des Haut-Plateaux. Lorsqu’ils avaient commencé à les traverser, ils étaient trente. Maintenant, ils n’étaient plus que huit.

Personne n’était vraiment certain qu’Haven existait bien, mais alors qu’ils s’étaient retrouvés seuls sans rien, orphelins de communauté, les rumeurs qui circulaient sur le village leur avaient redonné espoir et ils s’étaient mis en route vers le Profondeurs, malgré tous les dangers que cela pouvait bien représenter. En chemin, ils avaient rencontré bien plus que ce à quoi ils s’attendaient. Créatures plus dangereuses les unes que les autres, intempéries meurtrières, famine, et même les Reavers. Ils avaient perdus des hommes, des femmes et même des enfants. L’espoir s’était affaibli peu à peu alors que leur voyage n’apportait que mort et déception. Depuis les ruines de l’ancienne métropole, ils n’avaient rencontré aucun autre signe de vie humaine. Aucun être, vivant ou mort. Aucune habitation, même en ruine. Aucune arme abandonnée. Aucune trace. Rien.

Épuisé, le visage et les mains meurtries par la température ravageuse des Profondeurs, Oak tomba au sol, le petit Shrimp encore accroché sur son dos. En tombant, le poids de l’enfant lui coupa le souffle et lui fit tourner la tête.*

Shrimp: Awe! Oak, Oak! Are you alright, Ser?!
- I am, li…little man.

*Le grand blond se redressa tranquillement, les bras tremblant de fatigue. Il supportait le poids du gamin qui ne pouvait pas marcher depuis maintenant plusieurs jours, et avait à peine mangé afin de rationner les réserves qui étaient maintenant épuisées. Alors qu’il tentait de se relever, Skipper, le seul autre homme adulte, se dépêcha de venir prendre Shrimp afin de soulager Oak de son poids. Il fois le petit dans accroché sur son dos, il tendit la main pour aider le Bâtisseur à se relever et parla fort, le bruit du vent enterrant les voix normales.*

Skipper: We need to rest.
- We…cannot.
Skipper: We have.  Or we will all disappear. We need to find shelter.

*Maintenant debout sur ses jambes légèrement tremblotantes, Oak se redressa davantage afin de ne pas trop montrer son épuisement. Il regarda le petit groupe qui se tenait autour de lui. Le désespoir et la fatigue pouvaient se lire sur leur visage couverts de sable séché. Le grand homme soupira inspira longuement et posa sa main sur sa hanche pour s’aider à se redresser. Sa prestance avait toujours inspiré confiance aux autres, et il sentait que c’est ce dont ils avaient besoin, en ce moment.*

- You are true. We will walk to the edge and hide inside a cave or a rift, a rest of a few hours. We will probably going to find some food on your way there.

*Les autres survivants acquiescèrent, visiblement soulagés à l’idée de pouvoir se reposer pendant un moment. Les dangers perpétuels dont grouillaient Maéror les avaient empêcher de prendre beaucoup de repos pendant leur longue épopée qui, ils espéraient, tirait bientôt à sa fin.*

- Come. We have to be quick.

*Oak regarda le petit peloton changer de direction pour marcher en direction de la limite entre les Profondeurs et les Hauts-Plateaux. Les endroits pour s’abriter y étaient plus nombreux, certes, mais les créatures mutantes l’étaient également. Le Bâtisseur savait, par contre, que le groupe de survivrait pas bien longtemps encore sans un moment de repos, et quelque chose à manger. Il se remit lui aussi en route, traînant ses pieds endoloris qui semblait avoir triplé de taille et de poids dans ses bottes. En regardant les autres marcher devant lui, le grand blond se remit à penser aux événements qui les avaient amenés jusque-là.

Cela semblait faire des mois, déjà, que la communauté d’Eden avait été réveillée en plein nuit par les cris des Cerbères, les sentinelles chargés de la sécurité du village. «PROMÉTHÉENS! PROMÉTHÉENS!» étaient les mots qu’avaient entendus Oak avant que les premières explosions ne commencent. Trois bombes avaient touchées le sol et l’avaient fait trembler. Puis, virent ensuite le bruit des armes à feux Prométhéennes, puis les cris de peur et de souffrance de ses camarades. Il n’avait eu le temps que de se vêtir et de prendre son Respirateur et ses armes avant de sentir la terre trembler à nouveau. Lorsqu’il réussit enfin à sortir de sa maisonnée, le village était déjà à feu et à sang. Il s’en voulait encore aujourd’hui d’avoir figé devant le spectacle de terreur qui s’était offert à lui, ce jour-là. Les combattants de sa communauté qui tentaient de repousser les soldats Praesidium, qui ne faisaient qu’une bouchée des habitants. Les femmes et les enfants qui courraient dans tous les sens, essayant de se cacher, en vain. Il assista à la mort de dizaines de ses compatriotes, sans être capable de bouger, de faire quoique ce soit pour les aider. Et lorsqu’il reprit ses moyens, il fit la seul chose qui lui semblait viable. Il regroupa les gens les plus près de lui, et s’enfuit avec eux par des passages érigés en cas d’attaques, comme celle-ci. Il avait dut défendre les siens contre quelques soldats, en chemin. C’était la première fois qu’il faisait du mal à un autre être humain. Oak savait qu’il en rêverait probablement toute sa vie.

Eden était détruite. Le dernier espoir connu des Survivants, des “Rebelles” de Maéror était parti en fumée en l’espace de quelques minutes. Presque tous les gens que Oak avait connus dans sa vie étaient morts horriblement durant cette nuit qu’il n’oublierait jamais. Et aujourd’hui, il marchait sans énergie, ni vrai espoir dans une terre morte qui n’avait rien à leur offrir. Les quelques personnes qui restaient s’accrochaient aux rumeurs d’une autre ville cachée à l’abri de l’armée Prométhéenne. Mais personne n’était à l’abri des Prométhéens, et  cette nuit fatidique l’avait bien prouvé.

Le grand blond remonta sa main vers son visage pour essuyer les larmes qui coulaient sur son visage sans qu’il ne sache depuis combien de temps il les avait cessé de les retenir. Il n’avait pas encore pleuré depuis leur fuite. Il avait consolé les autres, mais n’avait pas osé se laisser aller encore. Maintenant un peu à l’écart derrière le groupe, il s’agissait probablement du seul moment qu’il aurait pour le faire. Il pleura la mort de ses amis, se remémorant leurs sourires et les moments passés avec eux à construire leurs maisons et à voir leurs familles grandir. Il pleura la disparition de gens forts, courageux qui avaient tout donné pour sauver leur village et leur peuple, en vain. Il pleura tous les visages qu’il ne reverrait jamais. Mais surtout, il pleura la mort d’un espoir commun, qui avait pris des années à s’installer au cœur des Survivants, pilier de la rébellion qui leur permettait d’être, en tant que peuple, et non seulement de survivre.

Il pleura pendant plusieurs minutes, en retrait du groupe, alors qu’ils se rapprochaient tranquillement de la frontière qui se dressait à quelques kilomètres d’eux. Il resta à l’écart pendant tout le reste du chemin, n’ayant pas envie de partager ce moment avec les autres, qu’il perdit même de vue pendant quelques minutes. Ce fut l’appel strident de Skipper qui le força à reprendre sur lui.*

Skipper : OAK!!

*Le grand blond courut le plus rapidement qu’il put en direction de la voix, poussé par l’adrénaline, s’attendant au pire. Lorsqu’il arriva près du groupe et qu’il vit ce qu’il l’attendait, Oak se laissa tomber à genoux, au sol, et fondit en larmes.

Maintenant, il pleurait de soulagement, alors que les Gardiens d’Haven se dressaient devant eux.*